

Juste la fin du monde
Interprétée par cinq remarquables comédiens, la mise en scène de Félicité Chaton de Juste la fin du monde écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990, est un travail méticuleux sur le pouvoir du langage ainsi qu’une enquête minutieuse sur les liens familiaux. Pour la première fois depuis des années, Louis rend visite à sa famille. Il retrouve sa mère, sa sœur, son frère et sa belle-sœur. Son intention est de leur annoncer sa maladie et sa mort prochaine. Mais son arrivée fait resurgir souvenirs et tensions familiales. Chacun exprime divers reproches et il repart sans avoir pu avouer son secret. Le public reste le seul confident de l’histoire de Louis, à moins qu’il n’ait été plongé dans une ultime rêverie... À voir absolument !
Et pourquoi une nouvelle fin du monde ?
Juste la fin du Monde, c’est une histoire de famille, un retour aux origines, à ce qui nous a fondé et continue à nous hanter, même dans nos rapports avec les autres. Quelque chose incessamment se rejoue dans nos liens, de l’ordre de la peur _ peur de l’abandon, de l’échec, d’être jugé, d’être aimé _ et nous conduit à chercher, en réponse, toujours plus d’émancipation.
Retourner dans sa famille, c’est se rapprocher du terrain réel et brûlant de nos rapports aux autres et à nous-même.
La mort prochaine de LOUIS déclenche et précipite ce retour. Quittant bientôt la vie, il décide de « revenir les voir » et regarder une dernière fois son être-au-monde.
Or, celui qui a toutes les raisons de gagner au concours du plus Malheureux, va se taire. Comme s’il pressentait que cette annonce terrifiante laisserait un désastre sans nom sur son passage.
Le public restera le seul confident de son histoire avec la Mort, cependant que son sempiternel et si souvent reproché silence permettra cette ultime fois de libérer les siens des ténèbres de l’informulé.
Ainsi, ce dimanche-là, on entendra des éclats, des tentatives de prise de parole, on les verra s’épuiser à se dire, jubiler d’avoir trouvé le mot juste et enfin, libérés d’avoir réussi à parler.
C’est un travail méticuleux sur le pouvoir du langage qui nous attend et une enquête minutieuse sur les liens de cette famille là, afin que se joue pour le public, l’effet miroir tant attendu.
Il faut trouver l’écrin pour dire Lagarce, concret pour les acteurs et suffisamment ouvert pour que le spectateur y projette ses propres démons.
Le personnage détonateur est un auteur. C’est à son imaginaire que nous souhaitons donner les pleins pouvoirs.
Ainsi, à l’espace réaliste de la maison, nous préférons l’espace mental et morcelé du fantasme de LOUIS. Dans notre Juste la fin du monde, la scène est dans sa tête et toutes les prises de parole émanent d’une ultime rêverie.
Félicité Chaton
Note d'intention issue du dossier artistique (Espace des arts)
Critiques
- par Véronique HotteHotello
Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce (Editions Les Solitaires Intempestifs), mise en scène de Félicité Chaton.
Juste la fin du monde (1990) est une pièce à la fois autobiographique, romancée et testamentaire de Jean-Luc Lagarce, auteur de théâtre qui se sait atteint du sida, une maladie dont à l’époque on ne se relève pas.
Le fils retourne dans sa famille pour l’informer de sa mort prochaine. De ces retrouvailles avec le cercle intime resurgit l’amour originel à travers les éternelles querelles. De cette visite, le fils repartira sans avoir rien dit.
Le narrateur revient chez les siens en province, famille avec laquelle il n’entretient plus de relations, si ce n’est des cartes postales elliptiques.
Porté par le désir de livrer la terrible nouvelle – sa mort prochaine – à sa mère, son frère et sa sœur, il entreprend un retour qui ne peut se faire.
Archives des représentations
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Espace des Arts
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Chalon-sur-Saône
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Théâtre l'Echangeur
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Bagnolet
12 oct. > 22 oct. 2020