Juste la fin du monde
Jean-Luc Lagarce
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Juste la fin du monde

Olivier Broda, Jean-Luc Lagarce

Cette histoire de famille pourrait être la nôtre. Une succession de rendez-vous ratés qui bouleversent et font rire à la fois !

Louis retourne dans sa famille pour la première fois depuis des années. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial. Il a l’intention de leur annoncer sa maladie et sa mort prochaine, irrémédiable, mais son arrivée fait resurgir souvenirs et tensions familiales. De cette visite qu’il voulait définitive, il repartira sans rien avoir dit, plus solitaire encore face à la mort. Comme souvent dans les textes de Jean-Luc Lagarce, il est question d’amour, de souvenirs lessivés et de règlements de compte. L’heure est au bilan : on revient sur ses pas, sur ses traces, on fait l’inventaire de ses sentiments et de sa vie pour essayer d’en faire le deuil et tout cela avant l’oubli, avant la mort.
Juste la fin du monde est le premier volet d’une trilogie écrite en 1990, alors que Jean-Luc Lagarce se savait atteint du sida. Toutefois, aucune complaisance ni amertume. Aucune morbidité. C’est toujours la vie, aussi dérisoire soit-elle, qui est louée comme un don de soi à ceux qui survivent. Il faut aussi compter sur « quelques éclaircies », premier titre de la pièce.
Un théâtre de l’intime, mis en scène par Olivier Broda du Théâtre du Temps Pluriel.

NOTE D’INTENTION

Parmi les choses qui m’émeuvent chez Jean-Luc Lagarce, il y a d’abord les titres de ses pièces : « Derniers remords
avant l’oubli », « Le Pays lointain », « J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne », « Nous, les héros » ...
En 1990, en résidence à Berlin, il compose « Juste la fin du monde ».
Quel titre...
Juste la fin du monde ou l’histoire du fils prodigue.
Un fils retourne dans sa famille pour l’informer de sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial
où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles. De cette visite qu’il voulait définitive, il
repartira sans avoir rien dit, plus solitaire encore face à la mort..
Juste la fin du monde ou l’annonce d’une apocalypse.
Mais dans cette pièce, il faut aussi compter sur « quelques éclaircies » (premier titre de la pièce).
Juste la fin du monde est le premier volet d’une trilogie écrite par un auteur qui savait « sa mort prochaine et
irrémédiable ». Toutefois, aucune complaisance ni amertume. Aucune morbidité. C’est toujours la vie, aussi dérisoire
soit-elle, qui est louée comme un don de soi à ceux qui survivent.
La découverte du théâtre de Lagarce au début des années 2000 me fut marquante. D’abord par les thèmes abordés
(la famille, les amours, la difficulté de communiquer) mais aussi et surtout par cette écriture aujourd’hui si
reconnaissable.
Une langue profuse pleine de silences et de non-dits d’où s’émane une mélancolie douce teintée de violence
sourde. Une écriture envoûtante dans sa façon de labourer la phrase, de passer sans cesse du présent au
futur ou au conditionnel pour nous conduire là où on ne s’attend pas.
Cette nécessité et cette précision du langage pour mieux se connaître soi et les autres. Et pourtant, mauvaise foi
aidant, chacun cherche à se justifier, accumulant les circonstances atténuantes, ouvrant parenthèses sur parenthèses,
avec le désir fou et désespéré d’être enfin compris (et pardonné ?).
Tenter de dire la vérité mais ça se dit comment la vérité ?...
Juste la fin du monde, c’est donc une histoire de famille qui pourrait être la nôtre. Une succession de rendez-vous
ratés qui bouleversent et font rire à la fois. Comme souvent chez Lagarce, il est question d’amour, de souvenirs
lessivés et de règlements de compte. L’heure est au bilan : on revient sur ses pas, sur ses traces, on fait l’inventaire
de ses sentiments et de sa vie pour essayer d’en faire le deuil et tout cela avant l’oubli, avant la mort.
Et puis comme toujours chez Lagarce, le lieu a son importance. Pour raconter ces retrouvailles dominicales, un plateau
vide de tout élément superflu. Enfermer cette histoire dans un cadre trop précis rendrait l’action anecdotique. Aller
à l’essentiel, suggérer plutôt que montrer. Nous voyons cette pièce à travers le prisme de Louis ; sommes-nous dans
le souvenir, dans l’espoir, le rêve ou le fantasme de son histoire ? Un espace mental ? C’est ici que se trouve l’un des
points sensibles de la mise en scène.
Une mise en scène qui puisera du côté des procédés cinématographiques : plans larges, plans serrés, champ
contre champ, fondus enchaînés, cuts…
Mettre en scène cette pièce comme un chef monteur de cinéma : s’occuper avant tout de l’espace et du temps.
Un mot sur la musique. La pièce est elliptique, pleine d’entre-scènes, sorte d’entre-deux mondes fantasmés et
nostalgiques à inventer. Ils seront scandés par une bande-son originale créée par Mathieu Baillot, une bande-son
qui sertira l’écriture musicale de Lagarce et qui sera partenaire de jeu, discrète mais présente pour mieux révéler ce
que les mots ne peuvent exprimer.
Enfin, l’autre enjeu du travail sera d’emmener les comédiens vers l’expression de leurs sentiments profonds tout en
s’appropriant la construction et la rythmique de l’écriture. Nous tenterons de faire entendre sans artifice ce théâtre
de l’intime.
Le travail d’acteur sera donc au coeur de la représentation. Mais il ne faudra rien montrer, laisser la part de secret,
les zones d’ombre, laisser opérer l’écriture si belle et si particulière de Lagarce, la laisser traquer les sentiments au
plus près et au plus juste pour laisser deviner ce qui anime chaque protagoniste : ce besoin d’amour et de vérité
impossible à rassasier.
Il faudra être précis et trouver la fièvre pour dire ces mots. Trouver l’énergie dans laquelle le texte a été
déposé sur le papier. Trouver la gravité des jeux d’enfant.
Sans lamentation et avec l’humour nécessaire et salvateur.
Enfin et surtout, il faudra trouver le sourire intérieur pour dire ces mots ; une boule de neige qui brûle les
doigts…
Olivier Broda - Février 2018.

NOTE D’INTENTION issue du dossier de presse : https://maisonculture.fr/up/diffusion/dossier%20juste%20la%20fin%20du%20monde.pdf

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  • BAC fm

    Interview d'Olivier Broda sur Bac Fm

Critiques

  • Le Journal du Centre
    par Jean-Michel Manquat

    Le Neversois Olivier Broda présente "Juste la fin du monde", sa nouvelle mise en scène : "Tout ça n'est peut-être qu'un rêve"

    Olivier Broda rêvait de mettre en scène "Juste la fin monde" depuis 2006. Le moment est enfin venu. La pièce de Jean-Luc Lagarce, qu'il a mise en scène, sera jouée par le Théâtre du temps pluriel à Nevers les 4 et 5 octobre. D'autres représentations sont prévues dans le cadre de la décentralisation et hors du département.

  • La Maison | Nevers
    04 oct. > 05 oct. 2019