Juste la fin du monde
Jean-Luc Lagarce
Image du spectacle

Juste la fin du monde

Guillaume Barbot, Jean-Luc Lagarce

Ça a été comme un petit miracle de relire ce texte que j’avais connu, mal connu, à mes vingt ans. Et de découvrir que, peut-être, ces mots m’accompagnaient depuis des années sans que je le sache. Comme si j’avais du inventer tous mes précédents spectacles pour aujourd’hui avoir accès à l’écriture de Lagarce et à nos ressemblances.

Ca parle d’amour. Ca ne parle que d’amour.

​D’amour empêché, d’amour transpirant, d’amour qui se dit mal, d’amour en trop plein, d’amour qui frotte, qui blesse, qui flingue, d’amour secret, d’amour en berne, d’amour en suspens.

Et du temps.

Du temps qui passe, du temps qui laisse des empreintes, du temps que l’on hérite, du temps qui nous englue, du temps qui crée des creux, des absences, des héros, des souvenirs, des envies d’ailleurs.

Il y a comme une simple évidence : l’amour et le temps, c’est lié. Ca va ensemble. Pour le meilleur et pour le pire.

Et s’il y a bien une chose qui m’obsède, spectacle après spectacle, c’est bien l’amour et le temps.

Préambule - rencontre

par Guilaume Barbot 

J’ai mis en scène depuis quinze ans de nombreux portraits.
J’ai plongé dans mes obsessions familiales ; le rapport au père, à l’enfance, aux relations frères sœurs.
J’ai cherché des langues musicales, des langues qui swinguent, qui valsent.
J’ai tenté de créer des images fortes pour faire naître des contre-champs et des échos aux situations, aux enjeux pris en charge par les acteurs.
J’ai mêlé les générations au plateau.
J’ai posé des instruments sur scène, imaginé des partitions.
Tout ce que je nomme ici, tout ce qui me constitue aujourd’hui en tant que metteur en scène, est réuni dans Juste la fin du monde.
Ça a été comme un petit miracle de relire ce texte que j’avais connu, mal connu, à mes vingt ans.
Et de découvrir que, peut-être, ces mots m’accompagnaient depuis des années sans que je le sache.
Comme si j’avais du inventer tous mes précédents spectacles pour aujourd’hui avoir accès à l’écriture de Lagarce et à nos ressemblances.
Ca parle d’amour. Ca ne parle que d’amour.
D’amour empêché, d’amour transpirant, d’amour qui se dit mal, d’amour en trop plein, d’amour qui frotte, qui blesse, qui flingue, d’amour secret, d’amour en berne, d’amour en suspens.
Et du temps.
Du temps qui passe, du temps qui laisse des empreintes, du temps que l’on hérite, du temps qui
nous englue, du temps qui crée des creux, des absences, des héros, des souvenirs, des envies d’ailleurs.
Il y a comme une simple évidence : l’amour et le temps, c’est lié. Ca va ensemble. Pour le meilleur et pour le pire.
Et s’il y a bien une chose qui m’obsède, spectacle après spectacle, c’est bien l’amour et le temps.
La seule règle du jeu de ma compagnie que je m’apprête à contourner : je ne monte aucun texte de théâtre. Il est donc temps de me contredire et de tenter cette nouvelle expérience…
Ce sera le temps de l’amour
Ce sera juste la fin du monde

La pièce… les quatre saisons d’une vie de famille

par Guilaume Barbot 

"Je décidai de retourner les voir"

Louis, âgé de 34 ans, revient dans sa famille pour annoncer sa mort prochaine. Mais ce retour provoque
chez ses proches de tels règlements de compte qu’il n’arrive pas à communiquer avec eux et qu’il repart
comme il est venu, sans avoir rien dit.

Les personnages :
Louis
Suzanne, sa sœur
Antoine, leur frère
Catherine, femme d’Antoine
La Mère, mère de Louis, Antoine et Suzanne

Et dans notre création :
Louis enfant
Le fantôme du père


Louis est de retour. Ca démarre dans la joie. Comme une comédie. De la gêne bien sûr, mais le bonheur des retrouvailles, même maladroit. Ca joue vite. Ca dérape sans gravité. C’est sonore.
Mieux vaut déborder dès le début.
Et une fois l’effervescence retombée, on se débarrasse de nos vêtements, on se donne des nouvelles sans trop se comprendre, on dine tous ensemble, et on se retrouve seul à la nuit tombée. Les chambres sont un peu froides, on devine que l’on va devoir se rapprivoiser, retrouver comment ça respire, une famille ; et c’est à partir de là que des duos se forment. Des face à face. Dans un couloir ou un jardin. Derrière un rideau. Sur le perron d’une chambre d’enfant. Louis face à chaque membre de sa famille. Parce qu’il ne pouvait en être autrement.
Jean-Luc Lagarce propose dans la première didascalie du texte : Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne, un dimanche, évidemment, ou bien encore durant près d’une année entière. Je choisis sans hésiter "une année entière".
Nous allons inventer, dans les interstices des scènes, des moments de vie (muets, en tous les cas sans mots) où la famille danse, s’épie, se cache, se parle à l’oreille, boit, dort, erre, joue des airs de piano… des séquences où le temps s’écoule, saison après saison, où la vie passe. Et laisser le texte revenir d’un coup sans prévenir : des prises de parole soudaines qui tranchent, qui sonnent haut et fort, et qui occupent tout ; l’espace et les corps. Composer un spectacle de pulsation. Sans poids, sans drame. De la vie, encore et encore. Uniquement de la vie. Une parenthèse enchantée et
désenchantée entre l’arrivée et le départ de Louis…

Note de mise en scène

par Guilaume Barbot 

"Désirable est lointain"

Je veux mettre en scène ce texte pour le plus grand nombre. Il est essentiel pour moi d’assumer une forme populaire. Vaste et généreuse. Musicale, cinématographique, puissante. Et décloisonner l’écriture de Jean-Luc Lagarce pour la donner à entendre avec nos swings, nos pulses, nos rythmes
d’aujourd’hui. Lagarce défendait un théâtre populaire, dans la lignée de Jean Vilar. On a longtemps associé sa langue à quelque choses de compliqué, d’élitiste, de savant, de précieux – ce qui est en réalité à l’opposé de la vitalité que nous proposent ses textes. Je souhaite plonger dans le mouvement de la langue pour créer des tableaux vifs et sauvages en des temps de suspens plus fragiles et lumineux. J’aime l’idée que le premier titre de la pièce était Quelques éclaircies. C’est exactement mon envie pour ce spectacle. Mettre en place un univers, un cercle familial, une tension des retrouvailles, et trancher l’espace pour provoquer des éclaircies soudaines. Donner à voir de la lumière. Cette histoire de famille est un peu la mienne, peut-être aussi un peu la vôtre. Une famille qui fait ce qu’elle peut. Bourrée de contradiction et d’amour en détresse. Une famille qui cherche ses mots.
C’est un texte sublime, un texte musical, un texte d’une modernité incomparable. Mais aussi un texte devenu classique un peu malgré lui. Depuis l’an deux mille (date de création du texte, au Théâtre National de La Colline) nous avons pris du recul sur les années Sida, sur la mort de Lagarce
et son héritage, sur une certaine vision de ce théâtre, de cette écriture. Nous pouvons aujourd’hui, je crois, prendre à bras le corps ces mots avec un nouveau souffle, un nouveau swing, et proposer une forme transdisciplinaire. Nous pouvons être irrévérencieux, jouer des hors-champs, quitter
l’hommage et oser donner une version qui résonne avec nos énergies.
Cette famille va se composer et se décomposer sur une année, quatre saisons, dans une immense maison à étage construite comme une maison de poupée. On y voit toutes les pièces en simultanée.
Si le frère s’échappe d’une discussion pour se réfugier dans sa chambre, le spectateur peut le suivre des yeux, avoir accès à tous les secrets, toutes les solitudes des personnages.
Chaque ellipse prendra la forme de longues séquences sans texte mais sonores pour prolonger : soit un souvenir, une pensée de Louis – toute la pièce sera mise en scène de son point de vue (un bruit, un mot, et l’on plonge dans ses flash-back), soit un moment de vie familiale dans cette maison un peu trop grande (les jours et les nuits passent). Grâce à un travail vidéo, les murs de la maison pourront se transformer à vue, comme si les époques se superposaient (un ancien papier peint ressurgit, un tableau, un placard disparu depuis…). La maison devient un personnage central : c’est elle qui accueille, c’est elle qui réunit. Sans elle, est-ce que cette famille tiendrait encore debout ?
Jean-Luc Lagarce note dans son journal à Berlin pendant l’écriture de la pièce : « j’ai tué le père ce matin et chacun sait que c’est la meilleure chose à faire ». Le père était donc là, et a disparu. Il est nommé mais absent. J’ai envie de mettre en scène cette absence. Que le père rôde dans les pièces,
observe, assiste. Une maison de famille se nourrit de ses fantômes.
Il y aura également la présence de Louis, jeune. Son double à huit ans. Lui, petit garçon, qui hante encore sa chambre d’enfant. Comme si dans les recoins des étages son enfance pouvait encore ressurgir. On doit souvent cohabiter avec ce que l’on a été…
Et la musique, bien sûr. Le texte est une partition. Il sera nourri d’une création musicale : un quatuor à cordes composé par Pierre-Marie Braye-Weppe d’après l’œuvre du groupe Radio Head. Le tout sera mixé en direct par un ingénieur du son spécialisé dans la spatialisation à 360 degrés, et agrémenté d’ambiances sonores immersives.
Je réunis une équipe d’acteurs et d’actrices hors norme. Je les ai choisis pour leur singularité, leur musicalité, leur présence si étonnante, si unique au plateau. L’acte même de les réunir autour de ce texte est mon premier geste fort de mise en scène. La famille existera, par les mots et par les
silences, grâce à ce qu’ils sont et ce qu’ils oseront.
Juste la fin du monde abrite des fantômes, des résonnances, des blessures, une vitalité que je veux faire entendre au plateau dans une forme épique, visuelle, musicale. Une forme ambitieuse où la langue de Lagarce nous portera tout du long avec énergie, désir et uppercut.

Calendrier des représentations

Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine | Vitry-sur-Seine

sam.04oct. 2025

Théâtre de Chelles | Chelles

ven.10oct. 2025

Théâtre Jacques Carat de Cachan | Cachan

jeu.16oct. 2025

Théâtre 13 | Paris

lun.03nov. 2025
mar.04nov. 2025
mer.05nov. 2025
jeu.06nov. 2025
ven.07nov. 2025
sam.08nov. 2025
mer.12nov. 2025
jeu.13nov. 2025
ven.14nov. 2025
sam.15nov. 2025
lun.17nov. 2025
mar.18nov. 2025
mer.19nov. 2025
jeu.20nov. 2025
ven.21nov. 2025
sam.22nov. 2025

Le Vellein, scènes de la CAPI | Villefontaine

jeu.04déc. 2025

Espace Marcel Carné | Saint-Michel-sur-Orge

ven.30janv. 2026

Théâtre du Vésinet | Le Vésinet

mar.03févr. 2026

Théâtre Antoine Watteau | Nogent-sur-Marne

mar.10févr. 2026

Espace Culturel L’Orange Bleue | Eaubonne

ven.13févr. 2026

Centre des Bords de Marne | Le Perreux-sur-Marne

mar.05mai 2026

La Faïencerie - Théâtre de Creil | Creil

jeu.07mai 2026