

Juste la fin du monde
Quand on entend Lagarce au théâtre, on entend avant tout les mots et la voix. Ses phrases semblent à peine réfléchies, soufflées en bouche par des acteurs dont on pourrait imaginer qu'ils improvisent et qu'ils les ont pensées eux-mêmes. A ceci près qu'on entend vite également, derrière l'apparente spontanéité, une musique trop raffinée pour être née du simple hasard des conversations qui se jouent. Un art du dialogue qui sait gommer après coup les artifices dont l'auteur s'est servi pour le construire. Qui transcende le naturel et rend subtilement lyrique le moindre échange, apparemment banal pourtant, entre les membres d'une même famille. C'est le cas dans Juste la fin du monde par exemple, où les procédés, comme les ourlets en haute couture sont tellement maîtrisés qu'on ne les voit plus. De la belle ouvrage, du travail d'orfèvre qui révèle par des phrases courtes, en apparence juste dites, en fait très écrites, prévues, syncopées au bon endroit, les hésitations et les fragilités de l'âme et des sentiments humains. Portée par le souffle, les hésitations, l'écriture de Lagarce nous restitue la respiration d'un homme profondément épris de nos échecs et de nos questionnements fragiles. Sous la douce cruauté d'une langue presque chantée, fredonnée, parfois hurlée quand la comédie humaine se fait trop douloureuse. Dans ce théâtre flotte partout \un air de famille\"…
Cécile Brochard
"Archives des représentations
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Théâtre du Pavé
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Toulouse
10 mars > 09 avr. 2005
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Grenier Théâtre
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15 mars > 19 mars 2005