
La (re)conversion chrétienne d’Angélica Liddell : une expérience capitale aux répercussions théoriques et esthétiques
Adeline Chainais
L’artiste Angélica Liddell, connue pour son théâtre baroque et ses excès scéniques, fait l’expérience, en 2014, d’un retour vers la foi chrétienne qu’elle a connue pendant l’enfance et perdue ensuite. Elle trouve dans le sentiment religieux non seulement le réconfort nécessaire pour affronter les différentes douleurs auxquelles elle est confrontée sur le plan personnel, mais également une inspiration artistique, sur le plan tant théorique que pratique, qui va s’avérer déterminante dans l’élaboration de son œuvre théâtrale. Cette étude revient sur les différentes étapes de cette reconversion et sur les répercussions de ce cheminement spirituel sur la conception du théâtre développée par Angélica Liddell ainsi que sur ses différentes créations poétiques et scéniques.
Angélica Liddell est une artiste espagnole née à Figueras en 1966. Autrice plus que dramaturge, performeuse plus que comédienne, plasticienne plus que metteuse en scène, elle apparaît comme une figure incontournable de la scène internationale contemporaine. Formée à la RESAD (Real Escuela Superior de Arte Dramático) à Madrid, elle fonde sa propre compagnie, Atra Bilis, en 1993, et représente ses premiers spectacles en Espagne, à Madrid principalement, jusqu’à ce que la programmation de La casa de la fuerza et El año de Ricardo au festival d’Avignon en 2010 donne un tournant international à sa carrière.
Angélica González Cano de son vrai nom est issue d’un milieu rural et d’une famille conservatrice. Son père était militaire, et la famille a souvent déménagé et vécu dans des casernes où régnait, selon elle, une certaine forme de violence. Aussi sa vocation pour l’écriture, et la création théâtrale en particulier, lui est-elle venue très tôt pour exorciser ses démons intérieurs. Au sujet de son enfance et de son adolescence, elle affirme : «Vivir entre militares, animales de granja y monjas, en un campamento militar, aislada de la sociedad, desde los 6 a los 13 años, no fue muy sano, desde luego ». Et elle ajoute que l’écriture a constitué pour elle «una venganza contra la vida ».
Source :
Adeline Chainais, « La (re)conversion chrétienne d’Angélica Liddell : une expérience capitale aux répercussions théoriques et esthétiques », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2023.