

Le Pays lointain
Le Pays lointain est la dernière pièce de Lagarce et son ultime variation sur un thème qui l’occupa toute sa vie: le retour de l’enfant prodigue parmi les siens. Présent et passé s’y mêlent, dessinant les vingt dernières années de la vie de Louis, qui n’en finit pas de vouloir annoncer sa mort prochaine. Ni époque ni lieu, seulement une liste de onze rôles magnifiques: le père, la mère, Antoine le frère, Suzanne la sœur, ou encore Catherine la belle-sœur. Mais Le Pays lointain n’est pas qu’une histoire de famille. C’est aussi la chronique des amours de Louis, où tout un cortège de silhouettes plus ou moins fugitives reviennent tour à tour le visiter... Ces êtres en pointillés, quelle ligne de fuite tracent-ils autour des silences de Louis, autour du terrible aveu qu’il ne parviendra peut-être pas à articuler ? Disparus ou revenants, tous peuvent s’exprimer, car Louis cède la parole à ses proches, laisse se multiplier les points de vue: ce “pays lointain” est aussi un carrefour où l’on dit au héros ses quatre vérités... Clément Hervieu-Léger a aujourd’hui l’âge de Louis. Sa lecture débordante d’énergie donne au Pays lointain la dimension d’un véritable classique contemporain, celle d’une œuvre qui “nous permet de raconter notre propre génération indépendamment de sa date d’écriture.”
Notes de mise en scène
Par Clément Hervieu-Léger
« C’est l’histoire d’un voyage, l’histoire d’un homme jeune et de son voyage. »
Ce sont Molière et Marivaux qui m’ont naturellement conduit vers le théâtre de Jean-Luc Lagarce. Lagarce qui, s’il n’avait été emporté par la maladie, aurait aujourd’hui 60 ans. Pourquoi cet auteur contemporain nous apparaît-il comme un auteur « classique » - entendons ici le terme « classique » comme la seule reconnaissance d’une appartenance à un corpus partagé constitutif de notre identité commune - ?
Pour la beauté de sa langue, bien sûr, qui emprunte autant à la métrique racinienne qu’à la conversation courante. Mais peut-être plus encore parce que Jean-Luc Lagarce nous permet de raconter notre propre génération, indépendamment de la date d’écriture de ses pièces. Certes, le théâtre de Lagarce est profondément ancré dans ce qu’on appellera tristement plus tard les « années sida » mais il ne se réduit pas au témoignage circonstancié d’une période donnée. Louis, comme Alceste ou Lucidor, nous interroge sur nous-même : que veut dire vivre lorsqu’on est encore jeune et que l’on sait qu’on va mourir demain ? Je n’ai pas connu cette période à la fois sombre et folle des années 80 où l’on jouait, sans le savoir, avec l’amour et la mort. Mais j’ai aujourd’hui l’âge de Louis.
Je me souviens de cet ami fêtant avec incrédulité ses trente-trois ans, persuadé depuis l’enfance qu’il n’atteindrait jamais cet âge. Son père était mort à trente-trois. Lui n’avait alors que neuf ans.
Je me souviens d’un soir de Noël au théâtre où, après la représentation, nous avions organisé une petite fête entre nous. Nous nous offrions des cadeaux. Nous nous sentions « en famille ». Une famille choisie où chacun tenait son rôle : qui la mère, qui le frère ou la sœur.
Je me souviens des mots de Patrice Chéreau pendant que nous répétions Rêve d’Automne au Musée du Louvre : « Les êtres aimés sont eux aussi des fantômes, mes fantômes – vivants : ils disparaissent, ils réapparaissent parfois. Ils me hantent et m’habitent, je les convoque tous les jours. »
J’ai, moi aussi, mes fantômes. Mes souvenirs. Et mes obsessions. Celles que je ressasse d’un spectacle à l’autre. Il y a la nostalgie. La nostalgie n’a rien à voir avec la simple tristesse. C’est une forme de mélancolie causée par l’éloignement du pays natal. C’est un regret attendri, un désir vague.
La douleur de l’impossible retour. C’est un rapport au temps. La nostalgie n’est pas la réaction, elle est le propre de la condition humaine. Monter Le Pays Lointain dans son intégralité nous oblige à interroger et accepter cet autre temps fait de longueurs, de langueur, d’ellipses et de brusques fulgurances. C’est faire du théâtre le lieu même du mouvement introspectif et du questionnement nostalgique. Chacun a son pays lointain. Ainsi le théâtre de Lagarce nous permet de convoquer nos fantômes pour raconter notre propre histoire.
Ils se retrouveraient sur une aire de stationnement, un de ces parkings qui bordent les routes nationales où les familles s’arrêtent pour pique-niquer à l’heure du déjeuner et où des hommes se retrouvent une fois la nuit tombée. Un lieu de passage où tout s’échange : les paroles comme les silences. Ils se seraient donner rendez-vous là.
Il me fallait réunir pour ce projet une distribution avec laquelle je partage une véritable intimité. Il me fallait composer une famille. La plupart des acteurs rassemblés ont ainsi déjà travaillé avec la Compagnie des Petits Champs. L’esprit de troupe est central dans l’œuvre de Jean-Luc Lagarce. Il allait de soi que Loïc Corbery qui a été Alceste et Lucidor incarne Louis. Loïc a des faux-airs d’Hervé Guibert. C’est aussi ce qui
me plaît. Je ne crois pas, en effet, qu’il faille considérer le personnage de Louis par le seul prisme de la biographie de Lagarce. Je crois, au contraire, qu’à l’instar des grands rôles du répertoire, il est une figure à reconstruire à chaque mise en scène. L’auteur du Mausolée des amants est ainsi pour moi une source d’inspiration majeure. Son rapport au désir et sa relation aux autres éclairent autrement le texte de Jean-Luc Lagarce. Il fait planer sur Le Pays lointain les souvenirs d’une autre « famille », celle qui se réunissait rue de Vaugirard autour de Michel Foucault.
Pourquoi le théâtre de Lagarce fait aujourd’hui partie de « nos classiques » ? Peut-être simplement parce qu’il répond à cette définition de Charles Garnier : « est classique tout ce qui se construit ».
Source : Dossier de presse
Podcasts
- France Bleupar Agenda Spectacles été
Interview de Clément Hervieu Léger pour la pièce "Le pays lointain" à Caen.
Dans le « top 5 » des spectacles 2017 pour Les Inrocks, dans la sélection des spectacles qui ont marqué 2017 et à ne pas manquer en 2018 pour Le Monde, Le Pays lointain est assurément l'un des événements de la saison théâtrale en France !
Critiques
- Revue Etudespar Yvon Le Scanff
Le pays lointain, c’est encore l’histoire d’un retour
Sans doute, ce pays lointain est bien aussi ce terrain vague où errent des êtres indéterminés aussi également présents, si ce n’est vivants, aussi importants, qu’ils soient donnés ou choisis, malgré ou en raison de liens du sang
- Téléramapar Emmanuelle Bouchez
Monter la dernière pièce de Jean-Luc Lagarce : un défi impossible ?
Clément Hervieu-Léger a eu le cran de mettre en scène “Le Pays Lointain” dans son intégralité. Pour un résultat mitigé.
- Les Inrockspar Patrick Sourd
Retour au “Pays lointain” de Lagarce avec Clément Hervieu-Léger
Dans cette œuvre testamentaire, le dramaturge convoquait tous ceux qui avaient compté pour lui. Un chaos débordant d’énergie à retrouver au Théâtre de l’Odéon.
(abonnés) - TSF Jazzpar Laurent Sapir
Le Pays Lointain
Il n'y a qu'en "Pays Lointain" qu'on peut réunir tous ses proches. Jean-Luc Lagarce revisité sur la scène de l'Odéon au travers d'un texte essentiel du théâtre contemporain, mais dont la mise en scène peine à transmettre toute la force d'émotion.
- Webtheatrepar Corinne Denailles
Un voyage en solitaire au milieu des siens : magnifique
Dans Juste la fin du monde, Louis revient dans sa famille après des années d'absence dans l'intention de révéler aux siens qu'il est atteint du sida et (...) Cinq ans plus tard, l’année de sa mort, ou à peu près comme il le dirait, Jean-Luc Lagarce écrit Le Pays lointain.
Recommandation :W W W W - Publik Artpar Amaury Jacquet
Retour au pays lointain, si proche de Jean-Luc Lagarce
La notoriété de Jean-Luc Lagarce, metteur en scène et dramaturge, mort prématurément du SIDA à l’âge de 38 ans en 1995, n’a cessé d’augmenter depuis sa disparition.
Recommandation :☆☆☆☆ - Scenewebpar Vincent Bouquet
Au Pays lointain, le retour du fils en fuite
Une fresque de vie crépusculaire où dans une infinie délicatesse les morts se mêlent au vivant.
Recommandation :Coup de cœur - Scenewebpar Vincent Bouquet
Au Pays lointain, le retour du fils en fuite
Plus de 20 ans après la mort de Jean-Luc Lagarce, Clément Hervieu-Léger s’empare de son ultime pièce, Le Pays lointain, créé au Théâtre National de Strasbourg arrive à l’Odéon. Une fresque de vie crépusculaire où dans une infinie délicatesse les morts se mêlent au vivant.
- Le club Mediapartpar Denys Laboutière
Le voyage au pays lointain des vivants et des morts de Jean-Luc Lagarce
C'est l'ultime pièce de Jean-Luc Lagarce et le paysage élargi de "Juste la fin du monde". La Compagnie des Petits-Champs et Clément Hervieu Léger la présentent depuis l'automne dernier en régions, avant sa reprise à Paris, en 2019.
- Le club Mediapartpar Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Le pays lointain, voyage onirique et troublant au bout de la vie
Les mots coulent tel un torrent furieux. Ils s’entrechoquent, se répètent, disent la vie, les passions, les absences. Ils révèlent les parts d’ombre, les non-dits. Ils chantent, dansent, virevoltent et s’unissent en un bouleversant cri d’amour.
- Le club Mediapartpar Jean-Pierre Thibaudat
« Le Pays lointain » de Jean-Luc Lagarce : son voyage au bout de la vie, des vies
Jean-Luc Lagarce aurait eu 60 ans cette année. Quinze jours avant sa mort (du sida) en 1995, il mettait un point final à sa dernière pièce : « Le Pays lointain ».
- Le Mondepar Brigitte Salino
Un beau voyage dans « Le Pays lointain »
Jean-Luc Lagarce aurait eu 60 ans cette année. Il est mort du sida à 38 ans, le 30 septembre 1995. Quinze jours avant, il finit d’écrire Le Pays lointain, que l’on peut voir jusqu’au 13 octobre au Théâtre national de Strasbourg, dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger qui fera date : elle nous mène au cœur même de la nostalgie de l’avenir, ce « pays lointain » que chacun porte en soi et qui traverse le temps, génération après génération.
- Libérationpar Anne Diatkine
Rencontre avec la charismatique comédienne Nadia Starncar
Rencontre avec la charismatique comédienne slovène admirée de Jean-Luc Lagarce, aujourd’hui à l’affiche de son ultime pièce : « le Pays lointain ».
Archives des représentations
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Odéon-Théâtre de l'Europe
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Paris
15 mars > 07 avr. 2019
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Châteauvallon - Scène nationale
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Ollioules
25 mai > 26 mai 2018
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Théâtre de Caen
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Caen
15 mai > 16 mai 2018
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Les Célestins, Théâtre de Lyon
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Lyon
24 avr. > 28 avr. 2018
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Théâtre de Cornouaille
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Quimper
20 nov. > 21 nov. 2017
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Scène Nationale d'Albi
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Albi
17 oct. > 18 oct. 2017
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Théâtre National de Strasbourg - TNS
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Strasbourg
26 sept. > 13 oct. 2017
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Théâtre de l'Arsenal
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Val-de-Reuil
18 mai 2018
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Centre culturel Joël Le Theule
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Sablé-sur-Sarthe
18 mai 2018