Le Pays lointain

Le Pays lointain
Image du spectacle

Le Pays lointain

Rodolphe Dana, Jean-Luc Lagarce

Le Pays lointain « est le récit de l’échec, le récit de ce qu’on voulut être et qu’on ne fut pas, le récit de ce qu’on vit nous échapper (…). On reparle, on imagine ce que sera sa vie, on croit la voir devant soi, et peu à peu, la vivant, on se retourne lentement sur soi-même, on observe le chemin parcouru, l’éloignement lent et certain qui nous mena là où nous sommes, aujourd’hui, du pays lointain d’où nous sommes partis ».
Dans ce dernier texte écrit en 1995, l’année de sa mort, Jean-Luc Lagarce raconte l’histoire sans histoire d’un homme dans la France de ces vingt dernières années, les rencontres, la famille, les amis, les amours rencontrées et vécues, le travail et les aventures.
« Lagarce, comme Proust et comme Tchekhov, est un écrivain qui se sait condamné. D’où son attachement à la vie et son absolue nécessité de nous en restituer l’essence. Avant qu’il ne soit trop tard. Cette nécessité imprègne l’écriture de Lagarce, celle de dire, de parler, de toucher, de blesser, de tuer, d’émouvoir et d’aimer. 
C’est avant tout cet aspect-là qui m’a touché, peut-être même plus que la beauté de sa langue, son élégante pudeur, sa subtile précision et sa vraie dignité. Et son humour, sans lequel on ne pourrait continuer à lire, à vivre. » 
À l’arrière du plateau imaginé par Rodolphe Dana, des images rayées, tournées en super 8, déroulent leurs couleurs saturées pour tenter de rappeler à soi un temps recherché et perdu.
 

Note d'intention de Rodolphe Dana

À l’origine de mon désir pour Lagarce, cette phrase de Proust qui me trotte dans la tête depuis un moment et qui a trouvé dans Le Pays lointain enfin un écho : « … S’il n’y avait pas l’habitude, la vie devrait paraître délicieuse à des êtres qui seraient à chaque heure menacés de mourir- c’est-à-dire à tous les hommes. »

Et Proust, comme Tchekhov, et comme Lagarce, sont des écrivains qui se savent condamnés. D’où leur attachement à la vie et leur absolue nécessité de nous en restituer l’essence. Avant qu’il ne soit trop tard. J’ai toujours pensé que seule la nécessité devait guider un artiste, plus que son intellect et le reste qui dans le cerveau, pense. Cette nécessité existe dans l’écriture de Lagarce, celle de dire, de parler, de toucher, de blesser, de tuer, d’émouvoir et d’aimer. C’est avant tout cet aspect-là qui m’a touché. Peut-être même plus que la beauté de sa langue, son élégante pudeur, sa subtile précision et sa vraie dignité. Et son humour, sans lequel on ne pourrait pas continuer à lire, à vivre.

Et puis des thèmes qui me sont précieux et qui parcourent cette pièce, comme celui de La Famille, celle dont on hérite (les parents, les frères et sœurs...), et celle qu’on se construit (les ami(e)s et les amant(e)s), et qui finissent par tant se ressembler. Tout ce qu’on ne dit pas, ou qu’on n’arrive pas à dire, aux gens qu’on aime ou qu’on est censé aimer, comme si l’amour, le vrai et l’imposé, exigeait un autre langage. Et c’est précisément cette autre langue que semble donner Lagarce aux acteurs de cette pièce rêvée qui, à la différence de la vie réelle, vont pouvoir enfin dire ce qu’ils ressentent. Comme si le plus bel acte d’amour qu’on pouvait offrir à quelqu’un, c’était d’enfin oser être vrai, en bien comme en mal, mais vrai. Lui donner ça, à l’autre, sa modeste mais singulière Vérité. Le jouissif dans l’écriture de Lagarce c’est ça, peut-être, que les paroles des hommes et des femmes sont précisément l’écho de leurs pensées et de leurs sentiments.

On parle aussi de la Mort dans cette pièce, donc de la Vie. Le père et l’amant, tous deux morts, évoluent sur scène parmi les vivants, parlent aux vivants. La mort n’a rien de sordide, elle peut être injuste et insupportable, elle est aussi drôle et simple. Dans nos sociétés occidentales, où la maladie et la mort sont redevenues des tabous, il me semble important de donner la parole aux morts, de manière concrète et réaliste. Parce qu’après tout, c’est sans doute le rapport (conscient ou inconscient) qu’on entretient avec la mort qui détermine le rapport qu’on a avec la vie.

Enfin, cette pièce possède une puissante symbolique, qui nous dit l’urgence de vivre, de désirer, de comprendre, de tolérer, de dire et d’aimer, avant qu’il ne soit trop tard.

  • Châteauvallon - Scène nationale | Ollioules
    03 avr. > 04 avr. 2009
  • Le Quai - CDN | Angers
    25 mars > 26 mars 2008
  • Théâtre de Nîmes | Nîmes
    19 mars > 20 mars 2008
  • Le Bateau Feu | Dunkerque
    04 mars > 05 mars 2008
  • Théâtre d'Arras | Arras
    26 févr. > 27 févr. 2008
  • Centre Culturel Communal d'Orly | Orly
    31 janv. > 01 févr. 2008
  • Les Sept Collines | Tulle
    22 janv. > 23 janv. 2008
  • La Comédie de Clermont-Ferrand | Clermont-Ferrand
    14 janv. > 18 janv. 2008
  • L'Azimut | Estavayer-le-Lac
    15 mai > 16 mai 2007
  • Théâtre Garonne | Toulouse
    19 avr. > 27 avr. 2007
  • Scène Nationale de l'Essonne, Agora - Desnos | Évry
    12 déc. > 13 déc. 2006
  • Théâtre de la Bastille | Paris
    04 déc. > 10 déc. 2006
  • Malakoff scène nationale | Malakoff
    23 nov. > 26 nov. 2006
  • La Ferme du Buisson | Noisiel
    17 nov. > 21 nov. 2006
  • Le Vivat | Armentières
    29 févr. 2008

Ressource(s)