

Phèdre
Jean-Luc Lagarce propose une adaptation pour deux personnages, Phèdre et Œnone qui jouent aussi les autres rôles.
Est-ce que tout, désormais, n'existe pas dans leur tête, dans leur rêve ?...
Dans la tragédie, on ne meurt jamais parce qu'on parle toujours. Voilà donc une première définition du héros tragique : il est l'enfermé, celui qui ne peut sortir sans mourir : sa limite est son privilège, la captivité sa distinction.
Roland Barthes, Sur Racine
Note d'intention
Par Jean-Luc Lagarce
Dans la tragédie, on ne meurt jamais parce qu’on parle toujours.
Roland Barthes, Sur Racine.
Phèdre et Œnone, perdues dans l’espace, dans leur obscurité, se refusant à la lumière et sans cesse confrontées à elles-mêmes, à leur propre histoire…
Il ne reste plus rien du royaume, des colonnes et des palais : les deux femmes, éternellement liées, revivent à l’infini leur propre tragédie, définitivement solitaires, solidaires… Le reste, le monde dans lequel elles vivaient, dans lequel elles vivent, les autres personnages… Hippolyte, Thésée, Aricie… Est-ce que tout, désormais, n’existe pas dans leur tête, dans leur rêve ?…
Se heurtant sans cesse au Destin, se battant avec lui, refusant qu’il les engloutisse et perpétuellement renvoyées à leur propre image…
Sur la ligne ténue entre la lecture (ce qui nous reste de l’Œuvre) et le jeu (le peu qui ne fut pas englouti dans le discours), les deux personnages n’ont plus qu’un but : enrayer le mécanisme qui les broie…