Les Prétendants

Les Prétendants
Image du spectacle

Les Prétendants

Jean-Luc Lagarce, Jean-Pierre Vincent

Nous sommes dans la salle de réunion d’un établissement culturel des marches de l’Est. Comme cela va se répéter à l’envi : « C’est le grand jour ! » à savoir, celui de la passation de pouvoir entre Raout, l’actuel directeur, et son jeune successeur, nommé Später. Mais sous le caractère apparemment convivial et bon enfant de la réunion, perce un certain malaise. C’est qu’en réalité un mini-coup de force se prépare.

Note d'intention

Monter « Les Prétendants »

C’est écouter chaque mot. Aucune de ces paroles, y compris la plus anodine en apparence, ne doit être minorisée. La partition ne comporte que des notes nécessaires. C’est bien une partition : double chœur à 17 voix. Pour les acteurs : une réplique en moyenne toutes les dix-sept répliques… Cela suppose un mode d’existence scénique très particulier. Cela suppose aussi une manière unique d’organiser les répétitions, de se concentrer, de construire le spectacle. Pas d’a parte. Les murmures sont publics.Tout doit être entendu. 6 Il faut à la fois laisser la bride sur le cou aux acteurs et travailler avec eux une extraordinaire précision d’intentions. Pas de « démonstration » : humilité, émotions, bafouillements organisés au ras de l’humain. Modestie du jeu, même si l’on s’est fouillé la cervelle et la sensibilité pour y parvenir. Moments d’indescriptible désordre où tout devrait apparaître plus clair que dans une chose savamment ordonnée. Être aussi justes et vrais que des acteurs AMATEURS, en employant d’autres moyens.

Des passages « aléatoires » comme dans la musique contemporaine, avec rendezvous au point d’orgue.

Scénographie

un présentoir à acteurs-personnages, pur, quasi abstrait, comme un lieu d’exposition où les personnages des tableaux, ou des photographies, se baladeraient en liberté confinée. Une machine à entrer et sortir tout simplement. Il fallait éviter la description réaliste, même transposée, d’une architecture «culturelle», avec ses circulations obligées. Le récit de Lagarce ne se limite pas à une description véridique : la vérité est dans les cœurs, les mots, dans l’air qui flotte entre les personnages.

Les acteurs

Il fallait réunir dix-sept acteurs de tous âges et de tous poils. Passionnant assemblage. J’ai cherché à composer ce tableau vivant en rejoignant plusieurs de mes familles : Les « anciens » : Michèle Foucher, Alain Rimoux et Rémy Carpentier, du temps du TNS et encore bien avant.

Les « récents » :Valérie Blanchon, Flore Lefebvre des Noëttes, Éric Frey, Pierre Gondard, Philippe Crubézy, Olivier Angèle, rencontrés assidûment durant les dernières années de Nanterre (depuis Karl MarxThéâtre Inédit jusqu’à Lorenzaccio, en passant par Le Jeu de l’amour et du hasard, Homme pour homme et Tartuffe). Les « petits » : NadègeTaravellier, Alexandre Le Nours et Xuan Dao, frais émoulus de l’ERAC et du Pancomedia de Botho Strauss.

Les « nouveaux » : pour certains de vieux amis, mais avec qui je n’avais jamais jamais navigué. Et l’occasion s’est offerte : Anne Benoit et Guillaume Lévêque (de la famille Françon..), Lucien Marchal (qui accueillit autrefois Les Prétendants, montés par François Rancillac avec des amateurs, dans son «Théâtre en Actes »), Jean-Charles Dumay (de la famille Fisbach..), et… Charlotte Maury-Sentier, pour la bonne bouche.

Jean-Pierre Vincent

Présentation par Jean-Pierre Vincent

Ils sont donc deux. Deux jeunes hommes frais émoulus des Écoles, assez brillants et ironiques : Marc Später et Jean-Michel Blot. Le premier est le candidat, adoubé par la Ville et l’État, à la direction de ce Centre Culturel. L’autre est son complice, celui qui vient pour être son second. Réflexe bien connu : on préfère toujours débarquer à deux dans une institution existante, au moins à deux, afin de mieux maîtriser ces vieux corps ossifiés… Mais cela pose toujours problème. Tout l’environnement préfère avoir affaire à un homme isolé.

Jusqu’où va « l’amitié » entre ces deux jeunes hommes ? Lagarce reste d’une absolue discrétion à ce sujet. Ils sont aussi amis, ou l’ont été, avec… la fille du Directeur sortant. Prétendants donc aussi, en quelque sorte, à la main de la princesse… Lagarce reste un peu moins discret là-dessus : nous pouvons deviner que, sans doute du temps de la Fac, Christine a eu un gros béguin, peut-être plus, pour Blot ; que Später
s’en est mêlé. Sac de nœuds pas toujours agréable à remémorer… Et la chose se complique par le fait que Christine occupe un poste dans la maison, et qu’il faudra bien un accommodement mutuel, quels que soient les cadavres dans les placards.

Ce genre de couple à trois est un thème récurrent dans les récits de Jean-Luc Lagarce.
Les autorités et la maison font pression sur Später pour rendre la venue de Blot très problématique. Blot de son côté ne peut se départir d’une ironie gênante. Le complice devient un boulet, et un rival. Le jeune ambitieux n’hésitera pas longtemps. Il laissera son co-pilote s’éjecter sans une larme (sinon sans problème..). Cette comédie noire raconte la fin d’une amitié. Perceval abandonne Gauvin.

Jean-Pierre Vincent

Critiques

  • Le Monde
    par Fabienne Darge

    Jean-Luc Lagarce et Jean-Pierre Vincent mènent le bal des "Prétendants"

    De Jean-Luc Lagarce au milieu des années 1980, pourtant, Lagarce décidait d'écrire une comédie sur la société française contemporaine. Il l'a travaillée, reprise et retravaillée pendant des années - la mouture finale date de 1992 -, mais le résultat est là, passionnant : Les Prétendants

    (abonnés)
  • Les Échos
    par Annie Coppermann

    La comédie de la culture

    Un directeur s'en va, un autre doit être nommé à la tête d'un centre culturel régional. Une satire cocasse de notre société, et une éblouissante mise en scène de Jean-Pierre Vincent.

  • Libération
    par René Solis

    «Prétendants» mais pas seulement

    «C'est bête et c'est drôle. Non, en fait c'est remarquablement bien fait.» On peut appliquer texto cette appréciation de Jean-Luc Lagarce à ses Prétendants.

  • Bonlieu Scène nationale | Annecy
    18 mars > 20 mars 2003
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