Lac (suivi de) Libido sciendi

Lac (suivi de) Libido sciendi
Image du spectacle

Lac

Denis Maillefer, Pascal Rambert

Denis Maillefer met en scène cette création écrite par Pascal Rambert, auteur de Clôture de l’amour. Ce texte est le fruit d’une rencontre entre les étudiants et l’auteur qui les a vus jouer et leur a demandé ce qu’ils aimaient, au théâtre… et dans la vie. Il écrit pour chacun d’eux, à partir d’eux, de leurs envies et de leurs inspirations.

Je suis venu à la Manufacture. J'ai souhaité rencontrer les jeunes actrices et les jeunes acteurs. Je voulais les voir. Physiquement. J'écris pour des gens précis. Pas "en général". Je voulais écouter leur tessiture. Nous avons parlé ensemble. J'ai pris leur visage en photo avec mon iPhone. Et je suis parti. Puis j'ai écrit. Pour eux. Individuellement. En regardant parfois leur portrait. J'ai écrit pour eux Lac, une histoire où la langue est le premier sujet. Une histoire de langue mettant en ligne seize corps moins un face à la mort, au sexe et au crime. (Pascal Rambert)

Note d’intention

Le cursus de formation des comédiens au sein du Bachelor Théâtre de la Manufacture insiste beaucoup sur le rapport de l’acteur à l’écriture. Toutes les formes d’écritures. Ainsi, l’autonomie de l’acteur visée par l’école passe surtout par le fait de donner aux étudiants les moyens de trouver pour eux-mêmes une forme singulière d’écriture scénique.
Parmi ces écritures, le texte dramatique reste le pivot autour duquel l’acteur de théâtre ne cesse de tourner, même lorsqu’il s’en détourne.
Ainsi, mettre en contact l’acteur avec le texte dramatique, aux niveaux esthétique, dramaturgique, technique, est primordial dans la formation du comédien.
L’écriture littéraire ou dramatique est aussi, et même surtout, la signature d’une époque et le reflet d’une société. Pour un acteur aujourd’hui, il est nécessaire qu’il se confronte à ce qui s’écrit aujourd’hui. Pas seulement l’écriture contemporaine, donc, mais celle d’auteurs vivants. Aujourd’hui plus encore qu’hier, les auteurs écrivent pour les acteurs, pour leur corps.
Moins pour être lus, ils écrivent pour être joués.
Aux étudiants comédiens de la 7è promotion du Bachelor théâtre, nous avons souhaité offrir la possibilité de se confronter à un texte écrit pour eux, pour ces acteurs-là, pour ces corps-là. Nous avons eu la chance que Pascal Rambert soit d’accord sur le principe, et que ces acteurs-là lui donne envie d’écrire et de les raconter poétiquement. Lac est cette tentative poétique dans laquelle les étudiants retrouveront une part d’eux-mêmes, la part sensible que l’auteur a attrapée pour la transformer. Le temps de la préparation, des répétitions et des représentations, ils devront s’interpréter dans une enveloppe esthétique, sémantique et syntaxique d’aujourd’hui. Une enveloppe sur mesure et pourtant pas la leur mais celle de cet auteur là.
C’est avec ces paramètres qu’ils devront composer et qu’ils feront, donc, du théâtre.


Frédéric Plazy
Directeur de la Manufacture

Quelques mots du metteur en scène

GRANDE VOILE

Il y a du cynisme partout, il n’y en a pas dans Lac. Lire Lac, et à plus forte raison dire Lac, et à plus forte raison jouer Lac, et à plus forte raison mettre en scène Lac, c’est être d’accord de ne rien raconter d’autre que des élans. Raconter le nom des oiseaux au-dessus du lac, et des fleurs qui poussent sur la berge, et surtout la difficulté de se tenir debout, vivant et le cœur grand, le cœur gros, en 2015 en Europe, au milieu des vastes chambardements qui nous entourent, au milieu des vastes chambardements qui sont ceux de nos intimités troublées, que l’on soit jeune, ou non. Il n’y a pas de cynisme dans Lac, qui dit la fin de l’adolescence, qui dit la possibilité infinie et troublée de se sentir adolescent à perpétuité, qui dit évidemment l’amour, voire l’amour de l’amour, qui dit la violence inouïe de vivre ensemble, de tenter de vivre ensemble, qui dit aussi et surtout la nécessité de la peau, la nôtre, celle des autres surtout, le besoin de la peau, le besoin de toucher et se serrer et se coller contre d’autres peaux. Comme une animalité éperdue qui voudrait se convaincre de tous les possibles, se convaincre qu’il n’y a rien à (se) refuser.
Lac est un chœur, et la sonorité du mot nous renseigne déjà, en partie, sur ce qu’il y aura à jouer. Lac demande de jouer au grand large, si j’ose ce jeu de mots. Jouer en grand, jouer net, précis et tendu, dans un seul élan qui court du premier mot au point final de ces phrases uniques, quinze phrases comme autant de monologues écrits pour l’unicité de corps et de voix de chacun des quinze acteurs.
Oui, ils sont quinze et Rambert leur invente un monde, qui ressemble furieusement au leur, quinze jeunes qui veulent jouer, écrire des poèmes et des spectacles, ici sur une scène près d’un lac qui ressemble absolument à celui de la Mouette. Leur Treplev à eux est mort et c’est ce deuil qui les traverse, qui les secoue et les met à nu, littéralement. Ensemble ils vont tenter de se recomposer, de recomposer leur histoire, et, en filigrane, de composer donc ce spectacle, le nôtre. Quinze corps, quinze vie saignantes, quinze manières pour se raconter le temps d’une confession à corps ouvert.
C’est un théâtre de mots qui ont tellement besoin d’être fondus dans des corps, un théâtre où la parole n’en peut plus de dire, comme un torrent trop longtemps retenu, comme une vague, oui, une vague ample et large. Avec Lac, Rambert nous propose de composer/décomposer les énergies et les drames qui habitent chacun des protagonistes, chacun pour soi et ensemble. Il faut ici parler une parole de révélation, de première fois, de soudaine évidence.
Chacun annonce ici qui il est vraiment et cela fait parfois mal. Chacun et chacune se croit plus unique que l’autre, serré dans un petit jeans slim qui enserre le corps et les certitudes. Il faudra bien tomber le masque, comme on dit, et peut-être même la chemise pour ne montrer que la vérité, celle d’un instant, et cet instant d’absolue vérité est recherché tout au long des milliers de mots qui composent Lac.
Notre travail ? Chercher le cœur de la parole, une parole chargée mais non pas lourde, violente et non surchargée/surjouée, une parole lâchée dans la brise de la nuit lorsque même la fatigue est superflue, évanouie, une parole pour chacun, unique. Quinze acteurs, quinze corps, quinze voix pour dire ensemble et chacun pour soi le plaisir délicat et troublant de raconter/ murmurer/crier qui l’on est vraiment, seul et avec les autres.


Denis Maillefer

Podcasts

  • Radio Télévision Suisse [RTS]
    par Vertigo

    Un "Lac" de chair et de sang

    Du théâtre pour 15 jeunes comédiennes et comédiens. Un texte écrit tout exprès par Pascal Rambert pour la dernière volée dʹétudiants de la Manufacture, la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande.

Critiques

  • Les Trois coups
    par Alicia Dorey

    L’école est finie

    S’emparer d’un texte créé sur mesure par Pascal Rambert était un pari exaltant, mais sans doute trop risqué pour cette promotion 2015 de La Manufacture de Lausanne. Avec « Lac », ils laissent le piège de l’écriture se refermer sur eux.

  • Le Temps
    par Marie-Pierre Genecand

    «Lac», histoire d’eau profonde pour jeunes comédiens

    Un double cadeau. Les futurs diplômés de la Manufacture sont doublement vernis pour leur spectacle de sortie. Déjà, ils bénéficient du talent de Denis Maillefer, metteur en scène sensible dont le dernier spectacle, Seule la mer, a été sélectionné pour la Rencontre du Théâtre suisse qui débute ce jeudi à Winterthour.

  • Théâtre de l'Aquarium | Paris
    25 juin > 28 juin 2015
  • Théâtre du Loup | Les Acacias
    17 juin > 18 juin 2015
  • Théâtre Vidy-Lausanne | Lausanne
    02 juin > 06 juin 2015
  • Théâtre Les Halles | Sierre
    27 mai > 30 mai 2015
  • Théâtre des Osses | Fribourg
    13 juin 2015