
Les Conséquences
La vie sur plusieurs générations, à travers l’enchainement sans coupures et dans le même espace vide, d’un enterrement, d’un mariage, d’un enterrement et encore d’un mariage. Une vingtaine d’années sous nos yeux. Avec nos joies et nos peines. Nos espoirs et nos renoncements. La généalogie de nos actes. Les conséquences sur nos vies. Ecrasées. Magnifiées. Sans retour. Ou au contraire subitement ouvertes. Crées grâce à la destruction. Détruites et renaissantes.
Note d'intention
Si je veux faire une trilogie en France c’est pour travailler cela : le temps. On suit rarement au théâtre les membres d’une famille sur plusieurs générations à la fois dans la fiction et dans le vieillissement des acteurs eux-mêmes.
Il y a quelque chose de fascinant pour les spectateurs qui les suivent fidèlement depuis bientôt vingt ans. Peut-être parce que moi-même j’ai vieilli avec eux et que ce qui me plaît uniquement désormais, avec le temps qui passe, c’est parler de nos actes et de leurs conséquences. Sans morale. Sans surplomb. Sans jugement.
Une vingtaine d’années sous nos yeux. Avec nos joies et nos peines. Nos espoirs et nos renoncements. La généalogie de nos actes. Les conséquences sur nos vies. Écrasées. Magnifiées. Sans retour. Ou au contraire subitement ouvertes. Créées grâce à la destruction. Détruites et renaissantes. Ces moments saillants de nos vies qui font mon théâtre, ces moments de crise, de basculement, de bifurcation de nos vies, ouverts face à nous comme des grenades prêtes à exploser.
Pascal Rambert
Source : Théâtre de Nice
Entretien avec Pascal Rambert
Pascal Rambert, avec Les conséquences, vous ouvrez une trilogie dont le déroulement est prévu jusqu’en 2029, avec des comédiennes et des comédiens de toutes générations, qui aborde en premier lieu la question du temps qui passe. De quel temps s’agit-il pour vous ?
Pascal Rambert : Le premier partenaire au théâtre, c’est le temps. Je le rappelle souvent aux acteurs. D’ailleurs, bon nombre de mes pièces, notamment Clôture de l’amour (2011) ou Répétition (2014) se déroulent dans un temps unique. Ici, il s’agit du temps qui est passé dans mon corps, et de celui qui m’invite toujours, depuis longtemps, à travailler avec des actrices et des acteurs qui sont plus âgés que moi, à travers le monde. C’est ainsi le troisième spectacle que nous faisons avec Jacques Weber, création que rejoint Marilù Marini. Or, cette pièce étant en effet le premier volet d’une trilogie pensée jusqu’en 2029, elle pose la question de ce que signifie, pour une actrice ou un acteur qui a aujourd’hui près de 80 ans, de se projeter dans cinq ou six ans : la mémoire sera-t-elle toujours là ? Le corps répondra-t-il de la même façon ? J’aime bien avancer simultanément dans le réel des corps - le mien, le leur - et dans ce récit qui met en place trois générations, celle des pères et des mères, Jacques Weber et Marilú Marini, puis celle de Stanislas Nordey et Audrey Bonnet, Arthur Nauziciel, Anne Brochet et Laurent Sauvage, enfin celle des jeunes actrices et acteurs avec qui j’ai également fait des productions, notamment avec les écoles du Théâtre National de Bretagne et du Théâtre National de Strasbourg : Lena Garrel, Jisca Kalvanda, Paul Fougère et Mathilde Viseux. Il y a donc à la fois trois histoires de corps, inscrits dans trois rapports au temps particuliers, autant dans le réel de la vie que dans la fiction qui se joue.
Dans cette approche des effets du temps qui nous traversent, une focale se resserre sur les conséquences de nos actes, tels que nous les jaugeons rétrospectivement. Qu’est-ce qui suscite votre intérêt pour ce questionnement ?
PR : Le temps me donne le goût de me poser la question, de façon très concrète, de nos actes et de la façon dont ils rejaillissent sur les autres, sur notre vie privée, sexuelle, psychique, artistique, sentimentale, professionnelle... C’est une question obsédante, qui recouvre tous les champs, puisque nous sommes des êtres mixtes. J’ai commencé très jeune à aimer travailler avec des gens plus âgés, pour voir ce temps passer à travers les gens, les corps, les changer, les transformer. Dans la première pièce que j’ai créée au Festival d’Avignon en 1989, Les Parisiens, il y avait déjà des acteurs comme Jean-Paul Roussillon. Or, ce qui m’intéressait chez eux m’arrive à mon tour : j’avais 27 ans à l’époque, j’en ai 62 et, de fait, je vois aujourd’hui les conséquences de ce que j’ai fait il y a 30 ans, aussi bien d’un point de vue intime, familial que social et professionnel.
Outre un regard sur les relations au temps, c’est un rapport particulier à l’espace que vous proposez au public, en l’embarquant dans « l’arrière-salle » de ce grand théâtre de la vie : quelles sont les intentions de ce dispositif spatial ?
PR : Ce que je m’emploie à faire, c’est encadrer le déroulement de la fiction par une structure. La pièce dure environ 2 heures, selon ce découpage : une demi-heure de funérailles, une demi-heure de mariage, une demi-heure de funérailles, une demi-heure de mariage, s’écoulant sur une dizaine d’années, à un rythme fulgurant. Tout se passe dans un grand barnum de toile blanche comme on en utilise sur les tournages de cinéma. C’est la pièce, mais en la voyant depuis l’arrière-salle, le public comprend comme à travers la pièce. Il se retrouve immergé dans une sorte de backstage de la vie des gens, qui viennent s’y asseoir, réfléchir, régler des problèmes entre eux, etc. C’est aussi l’endroit de l’introspection, voire de l’inconscient. Et cette vélocité du va-et-vient de l’action entre le lieu principal et ces coulisses me permet de faire ce que j’aime de plus en plus : des pièces nerveuses, incisives, voire agressives.
Écrivez-vous intégralement vos pièces à l’avance ou vous laissez-vous une marge de liberté pour le moment du travail avec les interprètes ?
PR : Mon rapport à l’écriture est le résultat d’un long processus commencé très jeune, initialement avec une démarche que l’on pouvait qualifier de « recherche pure » autour de l’idée d’un « théâtre en temps réel » - qui permettait, sur un plateau, avec seuls quelques bons outils, de générer une forme d’autonomie pour créer des postures, de la danse, de la parole, etc., c’était le cas d’Une (micro) histoire économique du monde, dansé (2010), par exemple. À présent, quoique mon processus d’écriture en soit totalement hérité, j’écris intégralement chaque pièce et la donne à lire à tous les acteurs en même temps, autour d’une table. Ce moment de découverte en commun est toujours extrêmement fort, chargé de quelque chose de l’ordre d’un arc entre une tension et une énergie formidable. Je réalise environ dix productions par an dans le monde entier, ce qui signifie que j’ai une première, physiquement, quelque part dans le monde, chaque mois. Je ne peux donc plus aujourd’hui écrire à la dernière minute. Et puis, il y a la vie, aussi !
Rêvez-vous de vieillir avec le public ?
PR : Clôture de l’amour tourne dans le monde entier depuis quinze ans. J’ai rencontré des spectatrices qui avaient 40 ans lorsqu’elles ont vu le spectacle une première fois et qui y emmènent aujourd’hui leurs enfants. Il arrive que des gens me parlent d’un de mes spectacles qu’ils ont vus il y a 25 ans ! Il n’y a pas de plus belle récompense, c’est terriblement émouvant ! Et c’est d’autant plus beau que ça m’arrive dans le monde entier ! Je nourris passionnément ce rêve intérieur : vieillir avec le public, c’est une certitude. Or, il y a dans Les conséquences, au-delà de ce que ça raconte, une histoire de corps politique. C’est une histoire de l’engagement ou de la bifurcation, de la compromission, notamment à travers la critique des plus jeunes gens envers leurs parents, de leur époque, une critique qui nous concerne tous. C’est une histoire de corps à travers la vie psychique des gens, celle qui n’est pas que verbalisée, sur laquelle ce langage, ou cette pièce, veut faire le jour.
Source : Dossier de presse (Festival d'Automne)
Podcasts
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Après "Clôture de l'amour", le metteur en scène explore ce qui demeure après la rupture et les mots de trop : ces conséquences qui façonnent nos existences.
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Critiques
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Une saga familiale transgénérationnelle qui s’étendra jusqu’en 2029. Corps survoltés, langage brûlant, acteurs habités, font de cette création un extraordinaire moment artistique dans le cadre du Festival d’Automne.
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Alors qu'il prépare un spectacle pour le théâtre national d'Uruguay, un autre pour une grande compagnie de Croatie, une reprise de Sœurs en République démocratique du Congo, il a longuement reçu Le Point pour évoquer son travail. Confidences.
La Terrassepar Manuel Piolat SoleymatAffrontements familiaux dans la France d’en haut
Entre mariages et funérailles, vaudeville en trompe-l’œil et drame contemporain, ce premier volet expose les blocs de paroles à la fois actifs et bornés d’un théâtre pour happy few.
Io Gazettepar Pierre LesquelenVie et mort d’un groupe WhatsApp
L'auteur guette l’intériorité et le silence, s’ironise volontiers (« je ne bouge pas les diagonales c’est bien pour tirer » dit Stan avec nostalgie) ; et oublie sa radicalité modeuse pour une quête généreuse de vérité humaine.
Le club Mediapartpar Guillaume LassereLes conséquences ou la cruauté de la vie
De mariages en funérailles, Pascal Rambert dissèque dix ans de la vie d’une famille pour mieux interroger le poids de la transmission et de l’héritage. « Les conséquences » explore l’engagement, les illusions perdues et le théâtre lui-même. Face à l’épreuve, la parole détruit autant qu’elle répare.
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Les Inrockspar Patrick SourdPascal Rambert séduit avec une fresque familiale menée avec brio par une troupe d’exception
Les quatre temps d’une tragi-comédie chroniquant, entre deux enterrements et deux mariages, les confessions et les prises de bec d’un clan d’inséparables.
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L'Œil d'Olivierpar Olivier Frégaville-Gratian d'AmoreLes Conséquences : deux mariages, deux enterrements et des vies ravagées
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Ouest-Francepar Agnès Le MorvanDiscrète et sensible, la comédienne Audrey Bonnet est à l’affiche des "conséquences"
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ans Les conséquences de Pascal Rambert, pièce chorale avec Jacques Weber, Audrey Bonnet, Anne Brochet… Le dramaturge scrute une famille sur trois générations ainsi que le temps et la mémoire à l’œuvre. C’est le premier volet d’une trilogie.
La Terrassepar Manuel Piolat SoleymatPropos recueillis
Trois pièces, incarnées par la même troupe d’interprètes, rendent compte d’événements identiques envisagés depuis trois angles différents. C’est la trilogie que Pascal Rambert initie, cette saison, avec Les Conséquences.
Scenewebpar Rédaction"Les conséquences" , premier volet d’une trilogie
Pascal Rambert revient avec une pièce chorale. Au plateau, ils seront 11 comédiens, certains familiers de Rambert, d’autres le deviendront au fil d’une trilogie ambitieuse dont Les conséquences est le premier volet.
Calendrier des représentations
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Théâtre National de Nice | Nice
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TNB
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Rennes
10 oct. 2025