
Il s'en va
Après Portrait de Raoul (1) l’écrivain Philippe Minyana nous délivre la suite du diptyque consacré à l’incomparable comédien Raoul Fernandez, source d’inspiration. Aujourd’hui Raoulita s’apprête à faire un nouveau voyage tout aussi magique que ceux qui ont jalonné sa vie d’artiste : Rejoindre sa maman Betty, au ciel.
On chante beaucoup dans les spectacles de Philippe Minyana. Ses personnages, comme chez Tchekhov, ont toujours un air accroché aux lèvres. Déjà dans Portrait de Raoul, Raoul Fernandez, qui connaît la chanson, y exerçait ses talents. Il racontait son enfance au Salvador, sa mère couturière qui l’a élevé en fille. Puis son départ pour Paris où il devint l’habilleuse de Copi qui révèle en lui ses talents d’actrice. L’avant, l’après, l’histoire d’un homme qui avait envie de vivre toutes les vies, et rêvé d’être femme, avant de revenir à la case départ. Quand il parle de Raoul, Minyana n’a pas de mots assez enthousiastes pour dire son admiration, ces Chansons sont d’abord des chansons d’amour
Entretien avec Philippe Minyana et Raoul Fernandez
Comment avez-vous travaillé ?
RAOUL : Philippe m’a dit, je voudrais t’écrire un texte, sur ta vie, à toi. Et j’ai répondu : Olala, mon Dieu ! Quand j’ai lu la pièce pour la première fois, j’étais très ému. Dès la deuxième phrase, je n’arrivais plus à parler car il avait vraiment trouvé mon essence, celle de mon intérieur, de ma vie.
PHILIPPE : Je l’ai invité chez moi je lui ai dit « raconte-moi ta vie, Raoul ». Il l’a racontée, j’ai pris des notes ; ensuite, j’ai écrit. Sa vie est un roman. Il a de la chance. Le hasard lui a fait rencontrer des artistes importants. Raoul est une Figure.
Cet enfant du Salvador polyglotte, costumier, comédien rit de tout ; c’est l’homme enthousiaste, heureux, ami fidèle ! Je hurle de rire quand il raconte les événements de sa vie... Cet homme qui a rêvé d’être une femme est un funambule, un clown admirable, un chanteur émérite, un conteur invétéré, un enfant perdu, un amoureux chronique…
Grâce à Marcial Di Fonzo Bo qui a initié ces « portraits » je me suis emparé de cette « légende vivante » qui rêvait de Paris et de Monsieur Dior, qui a réalisé son rêve et bien au-delà… lui qui a fait des rencontres essentielles, qui a su les faire fructifier, qui n’hésite pas à raconter sa vie en public, devient pour un écrivain, un formidable sujet d’inspiration... Raoul m’inspire, j’écris et je l’entends ; il est là, aux aguets, souriant.
RAOUL : Jouer son propre rôle, c’est très difficile pour un acteur, c’est un défi. Heureusement, j’ai la chance de travailler avec Marcial Di Fonzo Bo, qui en tant que metteur en scène a pour qualité la direction d’acteur. Il peut m’amener très loin, de façon très subtile.
Pourquoi avoir écrit une suite à Portrait de Raoul ?
PHILIPPE : On n’en finit pas de parler de Raoul Fernandez ! Raoul dans les récits biographiques qu’il me livre devient une figure familière un véritable « totem » vivant et drôle. De Raoul, tout le monde dit : il est adorable ce Raoul ! Le public l’adore… Dans le premier spectacle Portrait de Raoul, qui se joue depuis 2018, je faisais un portrait général, comme une présentation.
Il y a eu ensuite Les Chansons de Raoul, un format léger conçu par Marcial Di Fonzo Bo pour se déplacer facilement, qui permet à Raoul de se produire un peu partout avec son pianiste. Il chante... les souvenirs et les chansons ; façon récital… du music-hall en quelque sorte... il s’exhibe, il jubile, il est le garçon, il est la fille... du pur Raoul.
Ce deuxième texte est plus complexe car Raoul « s’en va», il est mort, mais curieusement encore sur scène, il se remémore. On meurt, paraît-il, en différentes étapes... il évoque l’enfance ; il revoit les principaux événements ; ses fantômes sont ressuscités... et on entend « la légende Raoul » ses folies, ses rêves ; cette « destinée » étonnante ; ce gosse d’Amérique latine qui devient un artiste français incontournable… c’est exemplaire, comme un récit initiatique, l’histoire d’une métamorphose !
Podcasts
Sur le QuaiÉcritures en acte avec Marcial Di Fonzo Bo et Raoul Fernandez
Marcial Di Fonzo Bo, directeur du Quai, metteur en scène et comédien. Dans la partie sur scène, un coup de fil à Raoul Fernandez, comédien et costumier de théâtre.
France culturepar Comme un samediPaillettes, truc en plumes et chansons d'amour avec Raoul Fernandez
Raoul est inclassable. Né au Salvador, élevé par sa mère comme une petite fille, habilleuse de Copi et costumier d'opéra auprès des plus grands, il est devenu (malgré lui ?) comédien.
France culturepar Comme un samediLucioles, post-mortem et jouer nu dans une tente avec Marcial Di Fonzo Bo
Toutes les déclinaisons du théâtre, des mots à la chanson, pour cette carte blanche du metteur en scène et directeur de théâtre Marcial Di Fonzo Bo.
Critiques
Téléramapar Fabienne PascaudPhilippe Minyana, ou la démesure de nos vies familières
À Paris, le Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt et Les Plateaux sauvages donnent à voir deux spectacles du brillant dramaturge.
Recommandation :TTT(abonnés)
Chantiers de culturepar Yonnel LiégeoisDi Fonzo Bo, double affiche
Cette fois, ouverte ou fermée, il n’y a plus d’issue, la mort a frappé, Raoul est mort. Il n’empêche, avec humour et poésie, en musique et chansons, miracle du spectacle vivant, il nous revient, le spectacle peut commencer.
Le Mondepar Joëlle GayotSaison du regain pour l’auteur Philippe Minyana
Le dramaturge est à l’affiche avec quatre pièces dont le très délicat « Il s’en va. Portrait de Raoul (suite) » mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo aux Plateaux sauvages à Paris.
(abonnés)
Un fauteuil pour l'orchestrepar Denis SanglardQue reste-t-il au final d’une création, par essence éphémère ?
L’art vivant, l’art d’être vivant, ne tient-il qu’à la mémoire faillible, individuelle ou collective de ceux qui le traversent, acteurs et spectateurs ?
Recommandation :ff
Théâtre du blogpar Philippe du VignalLe jeu merveilleux et la générosité de cet acteur hors-normes
Raoul Fernandez sait mettre en valeur ce corps, et cela quel que soit le thème abordé. Il nous parlera de sa mère Betty, une merveilleuse couturière qui lui aura donné le goût de son métier mais aussi de son arrivée à Paris, quand il découvre le théâtre français et les comédiens.
Le Courrier de l'Ouestpar LelianLe costume fait l’artiste… l’artiste fait le costume
Raoul, c’est Raoul Fernandez, natif de El Tránsito au Salvador (Amérique Centrale), costumier de son métier, acteur-chanteur de son essence, homme-femme de son état.
L'Humanitépar Samuel Gleyze-EstebanUn gamin du Salvador qui rêve de la France
Dans Il s’en va, le récit que l’acteur et costumier raconte (et chante) est celui d’un gamin du Salvador né avec un fil et une aiguille dans la main
Balaganpar Jean-Pierre ThibaudatRaoul Fernandez au pays des anges
Après « Le portrait de Raoul » qui nous racontait la vie de cette bête de scène à tout faire qu’est Raoul Fernandez (jeu, chant, costumes, etc.), dans « Il s’en va » ; Philippe Minyana explore la vie de Raoul après sa mort . On est aux anges
Scenewebpar Anaïs Heluin« Il s’en va », le grand retour de Raoul Fernandez
Ce seul en scène d’une très grande délicatesse nous parle autant de la vie romanesque du comédien que de la beauté du théâtre lorsque ses différents métiers sont unis par l’amitié.
Recommandation :Coup de cœur
L'Œil d'Olivierpar Olivier Frégaville-Gratian d’AmoreOraison burlesque
Raoul Fernandez revient, toujours aussi insaisissable, plus vaporeux, plus habité, moins linéaire, mais tout aussi magnétique.
Archives des représentations
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Le Quai - Angers
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Angers
22 avr. > 24 avr. 2025
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Les Plateaux Sauvages
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Paris
18 oct. 2025